> > Rezette

:
Recensione: RATZINGER JOSEPH, Eschatologie - Tod und ewiges Leben (Kleine Katholische Dogmatik, Bd IX),

 
 
 
Foto Rezette Jean , Recensione: RATZINGER JOSEPH, Eschatologie - Tod und ewiges Leben (Kleine Katholische Dogmatik, Bd IX), , in Antonianum, 53/1-2 (1978) p. 359-361 .

L'Auteur nous donne ici le fruit de vingt années d'enseignement sur l'eschatologie dans les différentes universités d'Allemagne ou il est passé avant d'être promu, peu avant la parution de son livre, archevêque de Munich et cardinal. Comme les autres volumes de la collection, l'ouvrage est un manuel de dogmatique pour les étudiants en théologie. C'est pour­quoi on y retrouve les thèmes classiques du traité « De Novissimis »: ciel, enfer, purgatoire, jugement, mort et immortalité de l'âme, présentés, cette fois, sous l'éclairage nouveau projeté par les théologies de l'avenir, de l'espérance, de la libération et la théologie politique. Le premier chapitre est consacré à un exposé critique de ces nouvelles théologies dont le surgissement, en quelques années, atteste l'importance qu'a prise l'escha­tologie dans la réflexion théologique contemporaine. Le bilan positif de cette rapide enquête est l'affirmation du principe christologique qui do­minera la suite du livre: l'objet de l'espérance chrétienne est le règne de Dieu, et c'est dans le visage de Fils, de Jésus et nulle part ailleurs qu'appa­raît le règne de Dieu (p. 63).

La théologie de la mort et de l'immortalité occupe la partie centrale et la plus considérable de l'ouvrage (p. 65-135). La raison en est qu'il importait, surtout dans un manuel de dogmatique, de faire un peu de lumière dans le fatras des théories plus ou moins bizarres qui ont vu le jour, ces dernières années, à ce sujet. On en connaît les thèses princi­pales. A partir du vieux cliché de l'antithèse entre la pensée grecque et la pensée biblique, l'une idéaliste, dualiste et hostile au corps, l'autre, réaliste et moniste en matière d'anthropologie, on rejette l'idée d'une âme immortelle, séparée du corps, et l'on fait de la mort l'anéantisse­ment de l'homme, tout cela au nom d'une fidélité plus grande à l'Ancien Testament. L'Auteur fait justice de ces affirmations gratuites, déjà pour la simple raison qu'une opposition statique entre cultures et formes de pensée n'a pas de sens au point de vue historique. Dans aucune culture la mort n'est conçue comme un anéantissement. Il faut en tirer les consé­quences au point de vue anthropologique. Ce qu'il y a de particulier et de profond dans tout l'Ancien Testament, c'est la conviction que la vie d'union avec Dieu est au-delà de la mort. Le Nouveau Testament y ajoutera la certitude que la mort est vaincue en Jésus-Christ par la puissance d'un amour infini.

Les théories nouvelles sur l'état intermédiaire entre la mort et la résurrection exigeaient aussi une mise au point, d'autant plus urgente et claire qu'elles ont envahi jusqu'à certains catéchismes. On n'y attend plus la résurrection parce qu'elle aurait lieu au moment même de la mort. Devant l'illogisme de ces élucubrations, l'Auteur, au terme d'un inventaire soigné des données de l'Écriture et de la Tradition, affirme nettement sa position: « les conceptions développées dans l'ancienne Église sur la survi­vance de l'homme entre la mort et la résurrection reposent sur les tradi­tions juives de l'existence dans le Schéol, traditions transmises par le Nou­veau Testament qui les centre sur le Christ. Toute autre affirmation doit échouer sur les faits historiques »  (p.  124). De même, le concept d'âme tel que la liturgie et la théologie l'ont utilisé jusqu'à Vatican II « est un concept strictement chrétien et ne pouvait être élaboré que sur le terrain de la foi chrétienne dont il exprime la vision de Dieu, du monde et de l'homme dans le domaine de l'anthropologie »  (p.  126). L'interprétation chrétienne de l'immortalité part, elle aussi, de Dieu et n'a rien à voir avec un fondement   « substantialiste »  qui,   du  reste,  ne  se  trouve  pas  plus chez Platon. C'est parce que Dieu est le Dieu des vivants et qu'il appelle l'homme par son nom, que cette créature ne peut pas disparaître. Elle est sauvée dans la totalité et l'unité de sa personne. Il est clair aussi que le Nouveau Testament n'identifie pas la résurrection avec l'« être mainte­nant avec le  Christ »  qu'il  attribue  aux  défunts.  Fidèle  à  cette  vérité fondamentale, l'Église a toujours confessé le réalisme de la résurrection des corps au dernier jour, malgré les difficultés de comprendre ce mystère. Les solutions proposées ont, certes, quelque chose de séduisant, mais elles ne font que  souligner  davantage  l'impossibilité  pour  l'homme,  pèlerin ici-bas, de se faire une idée du monde nouveau. Il y a toutefois une cer1-titude:  le dynamisme du cosmos va vers un but, un  état dans lequel matière et esprit  s'accorderont  l'un  l'autre  d'une  manière  nouvelle  et définitive. Cette certitude reste le contenu concret de la foi en la résurrec­tion de la chair, encore aujourd'hui (p. 160).

Quant au thème du retour du Christ, l'Auteur en trouve une interpré­tation dans le langage de la tradition liturgique. « Le Nouveau Testament cache et dévoile ce qui est pour nous indicible de la venue du Christ par le fait qu'il en parle avec les mots du domaine qui, ici-bas, peut exprimer le point de contact avec Dieu. La parousie est le sommet et la plénitude de la liturgie, mais la liturgie est parousie, un événement parousiaque au milieu de nous » (p. 167). La liturgie exprime bien ainsi un aspect de la dialectique du « déjà là » et du « pas encore », caractéristique de la tension eschatologique.

On n'a pu donner ici qu'un bref aperçu des richesses que renferme ce livre. Modestement il se veut manuel. Il l'est dans le meilleur sens du terme car il met entre les mains un auxiliaire précieux pour l'étude et la méditation. Comme le scribe de l'évangile de Matthieu, l'Auteur a su tirer de son trésor du neuf et du vieux, et nombreux seront les théologiens, étudiants et maîtres, qui en tireront profit.