> > Rezette

:
Recensione: DE MARGERIE BERTRAND, Sacrements et développement intégral

 
 
 
Foto Rezette Jean , Recensione: DE MARGERIE BERTRAND, Sacrements et développement intégral, in Antonianum, 53/1-2 (1978) p. 362-363 .

Le livre s'ouvre sur un avant-propos élogieux de Jean Guitton qui salue dans l'auteur un des « petits prophètes d'un grand âge espéré, un âge rénovateur, fondateur et patristique ». Une préface de Jean Daujat loue la doctrine solide de l'ouvrage et attire l'attention du lecteur sur les nuances  et les  détails  du texte  « pour éviter d'en négliger quelque précision et ne pas risquer méprise ou confusion» (p. 12). L'auteur lui-même précise, dans un avis au lecteur, sa manière d'interpréter les textes bibliques qu'il cite: il se déclare partisan du sens plénier. Enfin, dans une brève introduction, il expose le propos de son livre:   « une théologie du rayonnement interpersonnel et socio-conomique des sacrements en tant qu'ils transforment le futur de l'homme et de la société » (p. 18). Dans cette perspective, le Baptême est à la fois « la présence de l'Avenir absolu de l'homme et la divinisation rédemptrice de son projet fondamental d'être soi et tout»  (p. 27). Le chrétien est confirmé par l'Esprit pour rendre un témoignage public à l'option de toute l'Église en faveur du progrès social  et personnel  de  chaque personne  humaine.  La contribution des sacrements au développement de l'humanité est plus visible encore dans le Mariage. L'auteur voit  « la présence de l'humanité entière au coeur de la dimension éthique de chaque acte conjugal »  (p. 53). Le mariage, en effet implique un quasi-contrat avec le genre humain en vue de sa conservation. Loin de s'y opposer par ses directives sur la limitation des naissances, l'Église favorise le dialogue entre époux en vue de la respon­sabilité de la décision procréatrice pour une plus grande humanisation de la vie conjugale. C'est encore au développement terrestre de l'humanité que le prêtre est voué par le sacrement de l'Ordre qui le oint de l'Esprit pour être l'animateur spirituel du développement temporel. Le célibat le rend plus libre pour se consacrer plus pleinement au service de Dieu et des hommes. Ce service, le prêtre l'accomplit principalement par l'Eucha­ristie, sacrement de la charité fraternelle, du travail producteur et socia­lisé, de la juste distribution ou redistribution des biens terrestres, et par la  Pénitence,  sacrement  de la réconciliation socio-ecclésiale. Enfin, en consacrant par l'onction la maladie ou l'infirmité de ses membres en péril de mort, l'Église professe que l'oblation de la maladie et de la mort en union avec la passion du Christ a une importance décisive pour le salut du monde et pour le développement total, temporel et spirituel, de l'humanité.

Pour conclure ce bref aperçu des principales thèses de ce livre, nous reprendrons les paroles du P.H. Holstein dans sa postface: « A vrai dire, il faut quelque subtilité et un goût rare de la conciliation pour imaginer pareil rapprochement de notions hétérogènes, et pousser à fond, métho­diquement et logiquement, ce mariage de raison, qui va jusqu'à prétendre mettre au service du développement le sacrement des malades et le célibat ecclésiastique. L'opération, au moins, valait d'être tentée: le remarquable, c'est qu'elle a réussi» (p. 183). Seule une lecture attentive permettra d'apprécier la qualité du travail et « l'inventivité savoureuse des données traditionnelles » mises au service d'objets nouveaux et de réflexions iné­dites.